| Titre : | TERRAIN 76 - Printemps 2022 : FOLIES ? | | Type de document : | texte imprimé | | Auteurs : | Baptiste MOUTAUD, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Christine LANGLOIS, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Lucie GERBER, Auteur ; Danielle CARR, Auteur ; Nicolas MARQUIS, Auteur ; Anne M. LOVELL, Auteur ; Steeves DEMAZEUX, Auteur ; Denielle ELLIOTT, Auteur ; Tanya Marie LUHRMANN, Auteur ; Meredith TENHOOR, Auteur ; Des FITZGERALD, Auteur ; Claire EDINGTON, Auteur | | Editeur : | Nanterre Cedex [France] : Revue Terrain | | Année de publication : | 2022 | | Importance : | 210 p. | | Présentation : | ill. N&B et coul. | | Format : | 20 x 26,6 cm | | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-492-36201-9 | | Prix : | 23,00 € | | Note générale : | Fondée en 1983, la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain publie des dossiers thématiques semestriels sous forme papier. Appuyée sur des études de cas, richement illustrée, Terrain est scientifique dans son propos tout en s’adressant, par son écriture accessible et sa présentation attrayante, à un public plus large. Elle a pour ambition d’éclairer les aspects les plus divers, et parfois les moins connus, des sociétés européennes et extra-européennes. À l’aide d’un langage clair et d’une iconographie soignée, elle vise ainsi à partager avec un lectorat sensible à l’approche anthropologique les travaux les plus récents des chercheurs sur les pratiques, des plus ordinaires aux plus étonnantes, de nos contemporains. | | Langues : | Français (fre) | | Catégories : | 2. Science:2.75 Sciences naturelles:Anthropologie 4. Sciences Sociales et Humaines
| | Mots-clés : | Terrain, revue, anthropologie, ethnographie, sciences humaines, sociales, société, étude de cas | | Résumé : | Descriptif du numéro 76 Comment sonder l’infinie profondeur de l’esprit ? Le monde est aujourd’hui saturé de théories et de points de vue sur des phénomènes difficiles à qualifier et à contenir : la « folie » désigne des désordres des affects et de l’esprit aux frontières éminemment friables et poreuses. À contre-pied des théories sur la folie, ce numéro examine comment celle-ci est devenue, dans nos mondes contemporains, un champ privilégié d’expérimentation et d’exploration de l’humain. On y rencontre des neurologues idéalistes, des singes dépressifs, des poètes volubiles, des maquettes de ville verte et des investisseurs dans le marché des data. On y partage l’expérience si troublante des hallucinations, obsessions, délires, et autres désordres de l’esprit. On y apprend, aussi, comment les théories élaborées sur la folie participent à façonner notre monde, et à penser celui de demain. | | Note de contenu : | SOMMAIRE :
INTRODUCTION : LES ÉPREUVES DE LA FOLIE EXPLORATIONS ET EXPÉRIMENTATIONS DES VIES HUMAINES — p. 4
Par BAPTISTE MOUTAUD
La folie constitue dans la modernité occidentale un univers d’altérité et d’altération qui ouvre à l’exploration et à l’expérimentation des formes du vivant humain. Elle met tout autant à l’épreuve les épistémologies scientifiques qu’elle donne accès à une représentation singulière de la réalité et participe à la construction de notre monde commun. Les contributions de ce numéro explorent ces thèmes sur trois niveaux intimement imbriqués : les expériences, les expérimentations, et les matérialités de la folie.
MOTS-CLÉS : folie, expérimentation, expérience, matérialité, forme de vie.
COMMENT LA DÉPRESSION VINT AUX SINGES ? HARRY F. HARLOW ET LE DÉFI DE LA PSYCHOPATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE — p. 24
Par LUCIE GERBER
Peut-on substituer l’animal à l’humain pour étudier le trouble mental ? À la fin des années 1960, le psychologue Harry F. Harlow de l’Université du Wisconsin a formé le projet de modéliser, chez le singe, la dépression comme un trouble motivé par des chocs externes, se manifestant par une perturbation de la vie sociale. En retraçant les origines, les voies techniques et la marche de ce projet de psychopathologie expérimentale au cours des années 1970, et en confrontant ses ambitions à la récalcitrance des singes, cet article examine les ressorts de la fragilité des modèles animaux de troubles mentaux.
MOTS-CLÉS : psychopathologie expérimentale, animaux, psychiatrie, séparation, dépression, trouble mental, Harry F. Harlow.
LE SUJET NUMÉRIQUE : D’AVANT-GARDE ET SA PART IRRÉDUCTIBLE LANGAGE ET QUANTIFICATION EN PSYCHIATRIE DIGITALE — p. 44
Par DANIELLE CARR
La pratique psychiatrique est travaillée par la quantification depuis l’essor de la psychologie expérimentale. Ces deux dernières décennies ont vu, avec l’émergence de la psychiatrie dite digitale, une intensification de la production et l’utilisation des données. Cet article examine le cas d’une expérimentation sur un sujet du premier système d’implant cérébral couplé à une intelligence artificielle. Pour la psychiatrie digitale, l’extraction des données neuronales vise à exciser le langage de la fabrique expérimentale des chiffres, et à substituer l’objectivité des data à la subjectivité du langage. Et si nous considérions, a contrario, le langage comme au cœur de la production de ces nouvelles technologies de quantification ?
MOTS-CLÉS : psychiatrie numérique, santé mentale, biomarqueurs, capitalisme des données, psychanalyse.
ENTRAÎNER LES CERVEAUX : SCHIZOPHRÉNIQUES IDÉAUX ET VALEURS DE L’AUTONOMIE EN NEUROSCIENCES — p. 64
Par BAPTISTE MOUTAUD
Le développement de méthodes d’entraînement cognitif pour la schizophrénie illustre la place prépondérante prise par les neurosciences dans la psychiatrie contemporaine. Dans cet article je décris comment ces pratiques orientent et modèlent les conceptions du soin et des troubles mentaux, et en particulier les représentations de l’entremêlement des causalités sociales, psychologiques et biologiques de la schizophrénie. D’abord en faisant émerger une représentation du corps des malades comme perméable et sensible à son environnement social et matériel ; puis en mobilisant une conception du cerveau comme organe plastique support d’un idéal d’émancipation et d’autonomisation. Enfin, je montre enfin comment cette pratique devient pour ses promoteurs un outil d’insertion sociale et professionnelle.
MOTS-CLÉS : neurosciences, psychiatrie, schizophrénie, plasticité, cognition.
DES VIES EN DÉPENDANCES : PRAGMATIQUE DE LA FOLIE EN INSTITUTION PSYCHIATRIQUE — p. 84
Par NICOLAS MARQUIS
À rebours d’une approche de la folie comme une construction sociale ou un rapport de pouvoir, l’article développe une perspective pragmatiste qui vise à prendre au sérieux l’expérience de la folie. À partir d’une enquête ethnographique dans deux institutions psychiatriques situées respectivement en Belgique et en France, je propose de déplacer la question de la définition de la folie à celle de son mode d’existence. La folie, alors, se lit tout d’abord dans une vie massivement empêchée et vécue sous l’empire de la rechute ; ensuite dans une situation institutionnelle occasionnant une distribution extrême de la marge de manœuvre ; enfin dans la confrontation – en négatif – aux idéaux d’une société valorisant l’autonomie individuelle et le fait d’agir de soi-même. La folie se déploie alors comme une configuration particulière d’autonomie et de dépendance, d’action et de passion.
MOTS-CLÉS : psychiatrie, institution, autonomie, expérience, ethnographie.
FOCUS : OMMATOS THRASOS, LES SIGNES DE LA FOLIE — p. 104
Par STEEVES DEMAZEUX
À quels signes reconnaît-on un fou ? Les psychiatres disent : il n’y a rien de plus simple à reconnaître qu’un fou. Mais ils disent aussi qu’il n’y a rien de plus compliqué à reconnaître, et que c’est pour cela qu’ils ont besoin de beaucoup d’expérience et des subtilités de l’art clinique. Qu’y a-t-il donc dans ce regard ambivalent ? De quoi est fait le savoir clinique ?
MOTS-CLÉS : psychiatrie, clinique, signes, folie, sémiologie.
RÉCIT LA MÉMOIRE : MULTIVERS RUPTURES EXISTENTIELLES, VISAGES FAMILIERS ET LÉSION CÉRÉBRALE — p. 112
Par DENIELLE ELLIOTT
Quelle est la texture de la temporalité, et comment savons-nous ce qui est réel, irréel, une hallucination, un souvenir, une confabulation ? L’article explore les expériences sensorielles inhabituelles associées aux lésions cérébrales traumatiques, les imaginations apparemment irrationnelles d’êtres apparemment rationnels. Le « jamais vu » et le « déjà vu » – expériences sensorielles associées à des troubles neurologiques résultant d’une lésion ou d’une épilepsie – sont des expériences mnésiques, lorsque l’organique et le psychique sont indiscernables. Elles sont vécues comme des troubles de la mémoire, impliquant le jeu du temps, brouillant le fantasme et la réalité. Ces troubles sont vécus par la narratrice et son autre moi, confondant l’esprit, subvertissant l’espace et le temps.
MOTS-CLÉS : lésion cérébrale traumatique, ethnographie expérimentale, anthropologie de l’esprit.
RÉCIT : LES VOIX DE LA FOLIE UNE ANTHROPOLOGUE FACE À LA PSYCHOSE — p. 130
Par TANYA LUHRMANN
La phénoménologie de la psychose est notoirement difficile à appréhender. Je propose ici une étude de cas de voix psychotiques dans lesquels ni les mots ni la voix proprement dite n’ont une place de premier plan. J’examine l’étrangeté de ces expériences, puis j’attire l’attention sur les caractéristiques de ce phénomène qui consiste à entendre des voix, que je considère comme étant d’une importance capitale : le non-moi ; une différente forme de ce qui est réel ; et la présence.
MOTS-CLÉS : voix, folie, hallucinations, présence, schizophrénie.
PORTFOLIO : DES ARCHITECTURES DE SOINS, PHILIPPE PAUMELLE ET NICOLE SONOLET — p. 146
Par MEREDITH TENHOOR
Cet article examine les schémas pour les hôpitaux et les cliniques de santé mentale issus de la collaboration entre le psychiatre Philippe Paumelle et l’architecte Nicole Sonolet dans les années 1960 et 1970 en France. Élaborations architecturales de la pratique de « psychothérapie institutionnelle », la clinique L’Eau Vive à Soisy-sur-Seine et le complexe ASM-13 de la rue Albert Bayet à Paris sont des modèles expérimentaux et novateurs de traitement psychiatrique et de programmation architecturale.
MOTS-CLÉS : psychothérapie institutionnelle, architecture du soin, architecture moderne, Nicole Sonolet, Philippe Paumelle.
PORTFOLIO : UN GIGANTESQUE ZOO VERTICAL FOLIE ET VILLE VERTE — p. 164
Par DES FITZGERALD
Comment se fait-il que lorsque nous voyons des images de nouveaux aménagements urbains majeurs aujourd’hui – qu’il s’agisse de logements, d’immeubles de bureaux ou de centres commerciaux – ces aménagements ont toutes les chances d’être revêtus d’un mince couvert d’arbres ? L’idée que les villes seraient mauvaises pour les êtres humains, et en particulier pour notre santé mentale a une longue histoire. De Shanghai à Paris, de la biophilie à la « nature bon marché », de Donna Haraway à Thomas Heathwick, j’examine l’intrication croissante entre la ville psychologiquement réparatrice et la ville verte. Pourquoi demandons-nous aujourd’hui à nos espaces urbains, refondus en centres de nature et de vie biologique, d’avoir une relation réparatrice avec la santé mentale ?
MOTS-CLÉS : nature, architecture, ville, psychologie, biophilie.
MUSÉO : DES PATIENTS AU TRAVAIL DERRIÈRE LES MURS DE L’ASILE DANS LE VIETNAM COLONIAL — p. 182
Par CLAIRE EDINGTON
Dans le Vietnam colonial, les asiles psychiatriques étaient conçus comme de grandes colonies agricoles, où les patients devaient travailler la terre sur le chemin de la guérison e t d’une éventuelle libération. Cet article traite du rôle du travail comme une forme de thérapie pour les patients de l’asile, et de la façon dont les experts psychiatriques français étaient constamment entraînés dans des réseaux plus larges de soins et d’économie, déplaçant ainsi l’attention de l’asile lui-même vers le monde au-delà de ses murs.
MOTS-CLÉS : asile, psychiatrie coloniale, Vietnam, colonie agricole, travail. | | En ligne : | https://journals.openedition.org/terrain/22898 |
TERRAIN 76 - Printemps 2022 : FOLIES ? [texte imprimé] / Baptiste MOUTAUD, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Christine LANGLOIS, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Lucie GERBER, Auteur ; Danielle CARR, Auteur ; Nicolas MARQUIS, Auteur ; Anne M. LOVELL, Auteur ; Steeves DEMAZEUX, Auteur ; Denielle ELLIOTT, Auteur ; Tanya Marie LUHRMANN, Auteur ; Meredith TENHOOR, Auteur ; Des FITZGERALD, Auteur ; Claire EDINGTON, Auteur . - Nanterre Cedex (MSH Mondes Pôle éditorial, 21, allée de l'université, 92023, France) : Revue Terrain, 2022 . - 210 p. : ill. N&B et coul. ; 20 x 26,6 cm. ISBN : 978-2-492-36201-9 : 23,00 € Fondée en 1983, la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain publie des dossiers thématiques semestriels sous forme papier. Appuyée sur des études de cas, richement illustrée, Terrain est scientifique dans son propos tout en s’adressant, par son écriture accessible et sa présentation attrayante, à un public plus large. Elle a pour ambition d’éclairer les aspects les plus divers, et parfois les moins connus, des sociétés européennes et extra-européennes. À l’aide d’un langage clair et d’une iconographie soignée, elle vise ainsi à partager avec un lectorat sensible à l’approche anthropologique les travaux les plus récents des chercheurs sur les pratiques, des plus ordinaires aux plus étonnantes, de nos contemporains. Langues : Français ( fre) | Catégories : | 2. Science:2.75 Sciences naturelles:Anthropologie 4. Sciences Sociales et Humaines
| | Mots-clés : | Terrain, revue, anthropologie, ethnographie, sciences humaines, sociales, société, étude de cas | | Résumé : | Descriptif du numéro 76 Comment sonder l’infinie profondeur de l’esprit ? Le monde est aujourd’hui saturé de théories et de points de vue sur des phénomènes difficiles à qualifier et à contenir : la « folie » désigne des désordres des affects et de l’esprit aux frontières éminemment friables et poreuses. À contre-pied des théories sur la folie, ce numéro examine comment celle-ci est devenue, dans nos mondes contemporains, un champ privilégié d’expérimentation et d’exploration de l’humain. On y rencontre des neurologues idéalistes, des singes dépressifs, des poètes volubiles, des maquettes de ville verte et des investisseurs dans le marché des data. On y partage l’expérience si troublante des hallucinations, obsessions, délires, et autres désordres de l’esprit. On y apprend, aussi, comment les théories élaborées sur la folie participent à façonner notre monde, et à penser celui de demain. | | Note de contenu : | SOMMAIRE :
INTRODUCTION : LES ÉPREUVES DE LA FOLIE EXPLORATIONS ET EXPÉRIMENTATIONS DES VIES HUMAINES — p. 4
Par BAPTISTE MOUTAUD
La folie constitue dans la modernité occidentale un univers d’altérité et d’altération qui ouvre à l’exploration et à l’expérimentation des formes du vivant humain. Elle met tout autant à l’épreuve les épistémologies scientifiques qu’elle donne accès à une représentation singulière de la réalité et participe à la construction de notre monde commun. Les contributions de ce numéro explorent ces thèmes sur trois niveaux intimement imbriqués : les expériences, les expérimentations, et les matérialités de la folie.
MOTS-CLÉS : folie, expérimentation, expérience, matérialité, forme de vie.
COMMENT LA DÉPRESSION VINT AUX SINGES ? HARRY F. HARLOW ET LE DÉFI DE LA PSYCHOPATHOLOGIE EXPÉRIMENTALE — p. 24
Par LUCIE GERBER
Peut-on substituer l’animal à l’humain pour étudier le trouble mental ? À la fin des années 1960, le psychologue Harry F. Harlow de l’Université du Wisconsin a formé le projet de modéliser, chez le singe, la dépression comme un trouble motivé par des chocs externes, se manifestant par une perturbation de la vie sociale. En retraçant les origines, les voies techniques et la marche de ce projet de psychopathologie expérimentale au cours des années 1970, et en confrontant ses ambitions à la récalcitrance des singes, cet article examine les ressorts de la fragilité des modèles animaux de troubles mentaux.
MOTS-CLÉS : psychopathologie expérimentale, animaux, psychiatrie, séparation, dépression, trouble mental, Harry F. Harlow.
LE SUJET NUMÉRIQUE : D’AVANT-GARDE ET SA PART IRRÉDUCTIBLE LANGAGE ET QUANTIFICATION EN PSYCHIATRIE DIGITALE — p. 44
Par DANIELLE CARR
La pratique psychiatrique est travaillée par la quantification depuis l’essor de la psychologie expérimentale. Ces deux dernières décennies ont vu, avec l’émergence de la psychiatrie dite digitale, une intensification de la production et l’utilisation des données. Cet article examine le cas d’une expérimentation sur un sujet du premier système d’implant cérébral couplé à une intelligence artificielle. Pour la psychiatrie digitale, l’extraction des données neuronales vise à exciser le langage de la fabrique expérimentale des chiffres, et à substituer l’objectivité des data à la subjectivité du langage. Et si nous considérions, a contrario, le langage comme au cœur de la production de ces nouvelles technologies de quantification ?
MOTS-CLÉS : psychiatrie numérique, santé mentale, biomarqueurs, capitalisme des données, psychanalyse.
ENTRAÎNER LES CERVEAUX : SCHIZOPHRÉNIQUES IDÉAUX ET VALEURS DE L’AUTONOMIE EN NEUROSCIENCES — p. 64
Par BAPTISTE MOUTAUD
Le développement de méthodes d’entraînement cognitif pour la schizophrénie illustre la place prépondérante prise par les neurosciences dans la psychiatrie contemporaine. Dans cet article je décris comment ces pratiques orientent et modèlent les conceptions du soin et des troubles mentaux, et en particulier les représentations de l’entremêlement des causalités sociales, psychologiques et biologiques de la schizophrénie. D’abord en faisant émerger une représentation du corps des malades comme perméable et sensible à son environnement social et matériel ; puis en mobilisant une conception du cerveau comme organe plastique support d’un idéal d’émancipation et d’autonomisation. Enfin, je montre enfin comment cette pratique devient pour ses promoteurs un outil d’insertion sociale et professionnelle.
MOTS-CLÉS : neurosciences, psychiatrie, schizophrénie, plasticité, cognition.
DES VIES EN DÉPENDANCES : PRAGMATIQUE DE LA FOLIE EN INSTITUTION PSYCHIATRIQUE — p. 84
Par NICOLAS MARQUIS
À rebours d’une approche de la folie comme une construction sociale ou un rapport de pouvoir, l’article développe une perspective pragmatiste qui vise à prendre au sérieux l’expérience de la folie. À partir d’une enquête ethnographique dans deux institutions psychiatriques situées respectivement en Belgique et en France, je propose de déplacer la question de la définition de la folie à celle de son mode d’existence. La folie, alors, se lit tout d’abord dans une vie massivement empêchée et vécue sous l’empire de la rechute ; ensuite dans une situation institutionnelle occasionnant une distribution extrême de la marge de manœuvre ; enfin dans la confrontation – en négatif – aux idéaux d’une société valorisant l’autonomie individuelle et le fait d’agir de soi-même. La folie se déploie alors comme une configuration particulière d’autonomie et de dépendance, d’action et de passion.
MOTS-CLÉS : psychiatrie, institution, autonomie, expérience, ethnographie.
FOCUS : OMMATOS THRASOS, LES SIGNES DE LA FOLIE — p. 104
Par STEEVES DEMAZEUX
À quels signes reconnaît-on un fou ? Les psychiatres disent : il n’y a rien de plus simple à reconnaître qu’un fou. Mais ils disent aussi qu’il n’y a rien de plus compliqué à reconnaître, et que c’est pour cela qu’ils ont besoin de beaucoup d’expérience et des subtilités de l’art clinique. Qu’y a-t-il donc dans ce regard ambivalent ? De quoi est fait le savoir clinique ?
MOTS-CLÉS : psychiatrie, clinique, signes, folie, sémiologie.
RÉCIT LA MÉMOIRE : MULTIVERS RUPTURES EXISTENTIELLES, VISAGES FAMILIERS ET LÉSION CÉRÉBRALE — p. 112
Par DENIELLE ELLIOTT
Quelle est la texture de la temporalité, et comment savons-nous ce qui est réel, irréel, une hallucination, un souvenir, une confabulation ? L’article explore les expériences sensorielles inhabituelles associées aux lésions cérébrales traumatiques, les imaginations apparemment irrationnelles d’êtres apparemment rationnels. Le « jamais vu » et le « déjà vu » – expériences sensorielles associées à des troubles neurologiques résultant d’une lésion ou d’une épilepsie – sont des expériences mnésiques, lorsque l’organique et le psychique sont indiscernables. Elles sont vécues comme des troubles de la mémoire, impliquant le jeu du temps, brouillant le fantasme et la réalité. Ces troubles sont vécus par la narratrice et son autre moi, confondant l’esprit, subvertissant l’espace et le temps.
MOTS-CLÉS : lésion cérébrale traumatique, ethnographie expérimentale, anthropologie de l’esprit.
RÉCIT : LES VOIX DE LA FOLIE UNE ANTHROPOLOGUE FACE À LA PSYCHOSE — p. 130
Par TANYA LUHRMANN
La phénoménologie de la psychose est notoirement difficile à appréhender. Je propose ici une étude de cas de voix psychotiques dans lesquels ni les mots ni la voix proprement dite n’ont une place de premier plan. J’examine l’étrangeté de ces expériences, puis j’attire l’attention sur les caractéristiques de ce phénomène qui consiste à entendre des voix, que je considère comme étant d’une importance capitale : le non-moi ; une différente forme de ce qui est réel ; et la présence.
MOTS-CLÉS : voix, folie, hallucinations, présence, schizophrénie.
PORTFOLIO : DES ARCHITECTURES DE SOINS, PHILIPPE PAUMELLE ET NICOLE SONOLET — p. 146
Par MEREDITH TENHOOR
Cet article examine les schémas pour les hôpitaux et les cliniques de santé mentale issus de la collaboration entre le psychiatre Philippe Paumelle et l’architecte Nicole Sonolet dans les années 1960 et 1970 en France. Élaborations architecturales de la pratique de « psychothérapie institutionnelle », la clinique L’Eau Vive à Soisy-sur-Seine et le complexe ASM-13 de la rue Albert Bayet à Paris sont des modèles expérimentaux et novateurs de traitement psychiatrique et de programmation architecturale.
MOTS-CLÉS : psychothérapie institutionnelle, architecture du soin, architecture moderne, Nicole Sonolet, Philippe Paumelle.
PORTFOLIO : UN GIGANTESQUE ZOO VERTICAL FOLIE ET VILLE VERTE — p. 164
Par DES FITZGERALD
Comment se fait-il que lorsque nous voyons des images de nouveaux aménagements urbains majeurs aujourd’hui – qu’il s’agisse de logements, d’immeubles de bureaux ou de centres commerciaux – ces aménagements ont toutes les chances d’être revêtus d’un mince couvert d’arbres ? L’idée que les villes seraient mauvaises pour les êtres humains, et en particulier pour notre santé mentale a une longue histoire. De Shanghai à Paris, de la biophilie à la « nature bon marché », de Donna Haraway à Thomas Heathwick, j’examine l’intrication croissante entre la ville psychologiquement réparatrice et la ville verte. Pourquoi demandons-nous aujourd’hui à nos espaces urbains, refondus en centres de nature et de vie biologique, d’avoir une relation réparatrice avec la santé mentale ?
MOTS-CLÉS : nature, architecture, ville, psychologie, biophilie.
MUSÉO : DES PATIENTS AU TRAVAIL DERRIÈRE LES MURS DE L’ASILE DANS LE VIETNAM COLONIAL — p. 182
Par CLAIRE EDINGTON
Dans le Vietnam colonial, les asiles psychiatriques étaient conçus comme de grandes colonies agricoles, où les patients devaient travailler la terre sur le chemin de la guérison e t d’une éventuelle libération. Cet article traite du rôle du travail comme une forme de thérapie pour les patients de l’asile, et de la façon dont les experts psychiatriques français étaient constamment entraînés dans des réseaux plus larges de soins et d’économie, déplaçant ainsi l’attention de l’asile lui-même vers le monde au-delà de ses murs.
MOTS-CLÉS : asile, psychiatrie coloniale, Vietnam, colonie agricole, travail. | | En ligne : | https://journals.openedition.org/terrain/22898 |
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