| Titre : | Athénéa | | Type de document : | texte imprimé | | Auteurs : | Keyvane ALINAGHI, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Caroline TRON-CARROZ, Directeur de publication, rédacteur en chef ; SOUÊTRE, Bruno, Directeur artistique ; Louis CAUWELIER, Auteur ; Antoine DAMAY, Auteur ; Vinciane DAHÉRON, Auteur ; Anaïs GILLET, Auteur ; Aline JAN, Auteur ; Ning JIANG, Auteur ; Camille LELEU, Auteur ; Killian MAGUET, Auteur ; Jade MISSUWE, Auteur ; Louis SOUÊTRE, Auteur ; Élisa YUSTE, Auteur | | Editeur : | Cambrai [France] : École Supérieure d'Art de Cambrai | | Année de publication : | 2021 | | ISBN/ISSN/EAN : | 6931 | | Langues : | Français (fre) | | Catégories : | 3. Culture:3.50 Arts visuels:Arts visuels
| | Mots-clés : | école d'art, Cambrai, recherche, Retour aux sources, Ésac, Institut National de l’Audiovisuel, INA, cybernétique | | Index. décimale : | 707.6 Publications des Ecoles d'Art | | Résumé : | Athénéa est un objet hybride (pochette, stickers, affiche, image) issu des recherches des étudiant·es de 4e année de l'École supérieure d'art et de communication de Cambrai à l’Institut National de l’Audiovisuel à partir du mot "cybernétique". Chaque personne recevant l’objet est invitée à découvrir le contenu via son écran (smartphone ou tablette). athenea.esac-cambrai.net
Groupe « écriture » : Camille Leleu, Jade Missuwe, Elisa Yuste, accompagné·es par Caroline Tron-Carroz
Groupe « images et sons » : Louis Cauwelier, Vinciane Daheron, Aline Jan, Ning Jiang, Anaïs Gillet, Louis Souêtre
Groupe « mise en page » : Antoine Damay et Killian Maguet
Keyvane Alinaghi co-coordinateur de RAS s’est chargé d’une partie du suivi des recherches INA et a pu initier l’ensemble des étudiant-e-s aux contenus en réalité augmentée
Bruno Souêtre, graphiste, a suivi la mise en forme de l’affiche | | Note de contenu : | Athénéa. Comprendre la cybernétique en école d’art.
Depuis son lancement en 2019, le programme de recherche « Retour aux sources » de l’ESAC de Cambrai a pour ambition d’initier les étudiant-e-s en 4e année à la recherche documentaire à travers les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA). Cette année, c’est le mot-clé « cybernétique » qui a été choisi comme point de départ de la recherche. Pourtant, de prime abord, sa signification n’est pas facile à saisir.
CONTEXTE
La cybernétique est à la fois une discipline, une science, un concept, pour analyser les systèmes complexes et les machines pensantes. Comme le rappelle le chercheur en sociologie Raphaël Josset :
Quoique possédant un caractère futuriste, c’est pourtant au monde grec antique qu’il faut se référer pour retrouver l’origine étymologique et épistémologique de la cybernétique comme discipline. Le mot vient en effet du grec kubernètikos qui a notamment donné « gouvernail », « gouvernement » et au sens premier, signifie l’art de la timonerie, de la navigation, le pilotage d’un navire et, par extension, l’art de gouverner les hommes […] Mais le néologisme cybernétique apparaît pour la première fois dans la langue française en 1834 sous la plume du fameux physicien fondateur de l’électro-dynamique André-Marie Ampère, pour dénommer dans le même sens « les sciences du gouvernement des hommes ». Cependant, ce n’est qu’avec le mot anglais cybernetics, qui apparaît en 1948 comme titre d’un ouvrage du mathématicien Norbert Wiener, que celui-ci entre définitivement dans le vocabulaire usuel. Aujourd’hui, la cybernétique est un « savoir, à la fois science et art, concernant le gouvernement des êtres vivants, des machines, des sociétés. [Elle] s’intéresse aux processus de commande et de communication dans des ensembles organisés1. »
En effet, Norbert Wiener, mathématicien américain, conceptualise la cybernétique au cours de la Seconde Guerre mondiale, en imaginant des systèmes autonomes capables de réguler (control) leurs actions, autrement dit de se piloter et de s’autoréguler. Dans les années 1950, la cybernétique apparaît comme une science nouvelle, dans une période où les mathématiques, l’informatique, l’électronique et les sciences de la communication sont perçus comme des moyens de décrypter la société de plus en plus portée vers la technique.
Si, en amont de la recherche à l’INA, les étudiant-es ont pu avoir accès à des ressources textuelles et vidéo pour comprendre les ouvrages de Norbert Wiener et la réception de la cybernétique en France2, il n’a pas été toujours évident de circonscrire les dimensions tentaculaires de la cybernétique, l’opacité de certains termes, surtout lorsque l’on n’est pas spécialiste. Or la « cybernétique » ouvre des pistes passionnantes de recherche et de réflexions : les expérimentations dans le domaine scientifique ou artistique suscitent autant l’imaginaire que la création.
Les images de l’INA montrent que la cybernétique devient assez rapidement la science de la machine et de l’âge des robots (des idées véhiculées également par la littérature de science-fiction et le cinéma). Les archives consultées, notamment dans les années 1950, 1960 et 1970, traitent de la question des automates et des machines à calculer, des progrès scientifiques et techniques mais aussi de l’automation (la régulation automatique des machines) dans l’industrie. C’est aussi un contexte culturel et social très caractérisé, où la femme est encore assignée à l’univers domestique, aidée par les robots-ménagers, de plus en plus présents au quotidien. Cependant, la question du système de rétroaction (feedback), l’effet qui rétroagit sur la cause qui l’a produit (au cœur de la pensée cybernéticienne) reste peu ou pas développée dans les émissions. De même, l’étude des communications entre les machines, les êtres vivants et les communautés qui forment la pensée de Wiener est peu évoquée dans les archives consultées, hormis lorsque certains penseurs sont interviewés, comme Abraham Moles.
En revanche, la machine développant une forme d’intelligence et d’autonomie, une machine pensante en somme, capable d’interagir avec son environnement (cellules photo-électriques, transistors, relais sensibles) est plus largement abordée, à l’image des travaux de Nicolas Schöffer (grand lecteur des écrits de Wiener), utilisant l’ordinateur pour piloter ses œuvres cybernétiques, des créations avec des comportements intelligents.
À partir des années 1960, on ne compte plus les locutions formées avec cybernétique : « société cybernétique », « culture cybernétique », « machine cybernétique »,.... En réalité, c’est le terme cyber qui est retenu, désormais synonyme de réseaux et d’espace internet, depuis qu’il a été employé pour composer le terme cyberespace. Comme le résume Gérard Klein : « Les raisons de succès du préfixe "cyber" sont claires. Après avoir signifié "robot", il désigne désormais l’ensemble complexe et mal délimité qui combine informatique et intelligence artificielle, multimédia et réseaux, réalité virtuelle et augmentée3 ».
RESTITUER
La recherche documentaire est un moyen de penser les formes d’écriture pour analyser les documents qui ont été vus à l’INA. Cette méthode expérimentale de restitution écrite est au cœur du programme de recherche RAS, enrichie par la dimension technique. Ce n’est pas à proprement parler une analyse exhaustive, mais l’intention scientifique est bien présente : faire la liste précise des archives regardées, comprendre leurs natures, analyser leur contexte de création et de diffusion.
Puisque la synthèse des recherches dépasse la stricte analyse scientifique des documents, la restitution a pris cette année la forme d’une fiction en sept chapitres indépendants dont le personnage principal est une intelligence artificielle (IA) qui plonge dans les archives de la télévision française. Entre enthousiasme et anxiété, l’IA est ici capable de démontrer qu’elle comprend ses origines dans la cybernétique. Aujourd’hui, si l’IA nourrit les peurs et les imaginaires, on se rend compte en consultant les archives de l’INA que le terme cybernétique suscitait les mêmes effets.
L’IA au cœur de cette fiction « pense », elle établit son projet de recherche, mais c’est bien la voix des étudiant-e-s qui est entendue à travers le jeu narratif, l’analyse des images et des contenus. Faire en sorte que l’idéalisme cybernétique soit compréhensible par le plus grand nombre.
1 Raphaël Josset « La destinée cybernétique du monde », Sociétés, n° 131, 2016, en ligne https://www.cairn.info/revue-societes-2016-1-page-9.htm.
2 Notamment l’influence des philosophes, des mathématiciens, des neurologues et des physiciens. Voir la séance du séminaire de recherche « Postdigital 2017-2019 » de l’ENS, consacrée à « Cybernétique, intelligence et imagination », notamment l’exposé de Mathieu Triclot « Retour à la cybernétique. Ontologie et politique de l’information », en ligne (https://savoirs.ens.fr/expose.php?id=3183). Notre recherche s’est surtout concentrée sur le point N°2 (artefacts cybernétiques, récits, techniques projetées en situation dans le social et les questions autour de l’automation, le remplacement du travail humain par les intelligences artificielles).
3 Gérard Klein, « De la cybernétique à la cyberculture », lemonde.fr, 21 janvier 1996 (consulté en mars 2021). | | En ligne : | https://esac.go.yj.fr/athenea/ |
Athénéa [texte imprimé] / Keyvane ALINAGHI, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Caroline TRON-CARROZ, Directeur de publication, rédacteur en chef ; SOUÊTRE, Bruno, Directeur artistique ; Louis CAUWELIER, Auteur ; Antoine DAMAY, Auteur ; Vinciane DAHÉRON, Auteur ; Anaïs GILLET, Auteur ; Aline JAN, Auteur ; Ning JIANG, Auteur ; Camille LELEU, Auteur ; Killian MAGUET, Auteur ; Jade MISSUWE, Auteur ; Louis SOUÊTRE, Auteur ; Élisa YUSTE, Auteur . - Cambrai (France) : École Supérieure d'Art de Cambrai, 2021. ISSN : 6931 Langues : Français ( fre) | Catégories : | 3. Culture:3.50 Arts visuels:Arts visuels
| | Mots-clés : | école d'art, Cambrai, recherche, Retour aux sources, Ésac, Institut National de l’Audiovisuel, INA, cybernétique | | Index. décimale : | 707.6 Publications des Ecoles d'Art | | Résumé : | Athénéa est un objet hybride (pochette, stickers, affiche, image) issu des recherches des étudiant·es de 4e année de l'École supérieure d'art et de communication de Cambrai à l’Institut National de l’Audiovisuel à partir du mot "cybernétique". Chaque personne recevant l’objet est invitée à découvrir le contenu via son écran (smartphone ou tablette). athenea.esac-cambrai.net
Groupe « écriture » : Camille Leleu, Jade Missuwe, Elisa Yuste, accompagné·es par Caroline Tron-Carroz
Groupe « images et sons » : Louis Cauwelier, Vinciane Daheron, Aline Jan, Ning Jiang, Anaïs Gillet, Louis Souêtre
Groupe « mise en page » : Antoine Damay et Killian Maguet
Keyvane Alinaghi co-coordinateur de RAS s’est chargé d’une partie du suivi des recherches INA et a pu initier l’ensemble des étudiant-e-s aux contenus en réalité augmentée
Bruno Souêtre, graphiste, a suivi la mise en forme de l’affiche | | Note de contenu : | Athénéa. Comprendre la cybernétique en école d’art.
Depuis son lancement en 2019, le programme de recherche « Retour aux sources » de l’ESAC de Cambrai a pour ambition d’initier les étudiant-e-s en 4e année à la recherche documentaire à travers les archives de l’Institut National de l’Audiovisuel (INA). Cette année, c’est le mot-clé « cybernétique » qui a été choisi comme point de départ de la recherche. Pourtant, de prime abord, sa signification n’est pas facile à saisir.
CONTEXTE
La cybernétique est à la fois une discipline, une science, un concept, pour analyser les systèmes complexes et les machines pensantes. Comme le rappelle le chercheur en sociologie Raphaël Josset :
Quoique possédant un caractère futuriste, c’est pourtant au monde grec antique qu’il faut se référer pour retrouver l’origine étymologique et épistémologique de la cybernétique comme discipline. Le mot vient en effet du grec kubernètikos qui a notamment donné « gouvernail », « gouvernement » et au sens premier, signifie l’art de la timonerie, de la navigation, le pilotage d’un navire et, par extension, l’art de gouverner les hommes […] Mais le néologisme cybernétique apparaît pour la première fois dans la langue française en 1834 sous la plume du fameux physicien fondateur de l’électro-dynamique André-Marie Ampère, pour dénommer dans le même sens « les sciences du gouvernement des hommes ». Cependant, ce n’est qu’avec le mot anglais cybernetics, qui apparaît en 1948 comme titre d’un ouvrage du mathématicien Norbert Wiener, que celui-ci entre définitivement dans le vocabulaire usuel. Aujourd’hui, la cybernétique est un « savoir, à la fois science et art, concernant le gouvernement des êtres vivants, des machines, des sociétés. [Elle] s’intéresse aux processus de commande et de communication dans des ensembles organisés1. »
En effet, Norbert Wiener, mathématicien américain, conceptualise la cybernétique au cours de la Seconde Guerre mondiale, en imaginant des systèmes autonomes capables de réguler (control) leurs actions, autrement dit de se piloter et de s’autoréguler. Dans les années 1950, la cybernétique apparaît comme une science nouvelle, dans une période où les mathématiques, l’informatique, l’électronique et les sciences de la communication sont perçus comme des moyens de décrypter la société de plus en plus portée vers la technique.
Si, en amont de la recherche à l’INA, les étudiant-es ont pu avoir accès à des ressources textuelles et vidéo pour comprendre les ouvrages de Norbert Wiener et la réception de la cybernétique en France2, il n’a pas été toujours évident de circonscrire les dimensions tentaculaires de la cybernétique, l’opacité de certains termes, surtout lorsque l’on n’est pas spécialiste. Or la « cybernétique » ouvre des pistes passionnantes de recherche et de réflexions : les expérimentations dans le domaine scientifique ou artistique suscitent autant l’imaginaire que la création.
Les images de l’INA montrent que la cybernétique devient assez rapidement la science de la machine et de l’âge des robots (des idées véhiculées également par la littérature de science-fiction et le cinéma). Les archives consultées, notamment dans les années 1950, 1960 et 1970, traitent de la question des automates et des machines à calculer, des progrès scientifiques et techniques mais aussi de l’automation (la régulation automatique des machines) dans l’industrie. C’est aussi un contexte culturel et social très caractérisé, où la femme est encore assignée à l’univers domestique, aidée par les robots-ménagers, de plus en plus présents au quotidien. Cependant, la question du système de rétroaction (feedback), l’effet qui rétroagit sur la cause qui l’a produit (au cœur de la pensée cybernéticienne) reste peu ou pas développée dans les émissions. De même, l’étude des communications entre les machines, les êtres vivants et les communautés qui forment la pensée de Wiener est peu évoquée dans les archives consultées, hormis lorsque certains penseurs sont interviewés, comme Abraham Moles.
En revanche, la machine développant une forme d’intelligence et d’autonomie, une machine pensante en somme, capable d’interagir avec son environnement (cellules photo-électriques, transistors, relais sensibles) est plus largement abordée, à l’image des travaux de Nicolas Schöffer (grand lecteur des écrits de Wiener), utilisant l’ordinateur pour piloter ses œuvres cybernétiques, des créations avec des comportements intelligents.
À partir des années 1960, on ne compte plus les locutions formées avec cybernétique : « société cybernétique », « culture cybernétique », « machine cybernétique »,.... En réalité, c’est le terme cyber qui est retenu, désormais synonyme de réseaux et d’espace internet, depuis qu’il a été employé pour composer le terme cyberespace. Comme le résume Gérard Klein : « Les raisons de succès du préfixe "cyber" sont claires. Après avoir signifié "robot", il désigne désormais l’ensemble complexe et mal délimité qui combine informatique et intelligence artificielle, multimédia et réseaux, réalité virtuelle et augmentée3 ».
RESTITUER
La recherche documentaire est un moyen de penser les formes d’écriture pour analyser les documents qui ont été vus à l’INA. Cette méthode expérimentale de restitution écrite est au cœur du programme de recherche RAS, enrichie par la dimension technique. Ce n’est pas à proprement parler une analyse exhaustive, mais l’intention scientifique est bien présente : faire la liste précise des archives regardées, comprendre leurs natures, analyser leur contexte de création et de diffusion.
Puisque la synthèse des recherches dépasse la stricte analyse scientifique des documents, la restitution a pris cette année la forme d’une fiction en sept chapitres indépendants dont le personnage principal est une intelligence artificielle (IA) qui plonge dans les archives de la télévision française. Entre enthousiasme et anxiété, l’IA est ici capable de démontrer qu’elle comprend ses origines dans la cybernétique. Aujourd’hui, si l’IA nourrit les peurs et les imaginaires, on se rend compte en consultant les archives de l’INA que le terme cybernétique suscitait les mêmes effets.
L’IA au cœur de cette fiction « pense », elle établit son projet de recherche, mais c’est bien la voix des étudiant-e-s qui est entendue à travers le jeu narratif, l’analyse des images et des contenus. Faire en sorte que l’idéalisme cybernétique soit compréhensible par le plus grand nombre.
1 Raphaël Josset « La destinée cybernétique du monde », Sociétés, n° 131, 2016, en ligne https://www.cairn.info/revue-societes-2016-1-page-9.htm.
2 Notamment l’influence des philosophes, des mathématiciens, des neurologues et des physiciens. Voir la séance du séminaire de recherche « Postdigital 2017-2019 » de l’ENS, consacrée à « Cybernétique, intelligence et imagination », notamment l’exposé de Mathieu Triclot « Retour à la cybernétique. Ontologie et politique de l’information », en ligne (https://savoirs.ens.fr/expose.php?id=3183). Notre recherche s’est surtout concentrée sur le point N°2 (artefacts cybernétiques, récits, techniques projetées en situation dans le social et les questions autour de l’automation, le remplacement du travail humain par les intelligences artificielles).
3 Gérard Klein, « De la cybernétique à la cyberculture », lemonde.fr, 21 janvier 1996 (consulté en mars 2021). | | En ligne : | https://esac.go.yj.fr/athenea/ |
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