| Titre : | TERRAIN 78 - Printemps 2023 : CAPITALISME SAUVAGE | | Type de document : | texte imprimé | | Auteurs : | Alice DOUBLIER, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Ismaël MOYA, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Natalia BUITRON, Auteur ; Grégory DESHOULLIÈRE, Auteur ; Hélène BLOCH, Auteur ; Maroussia FERRY, Auteur ; Juliette CLEUZIOU, Auteur ; Muriel CHAMPY, Auteur ; Arthur JATTEAU, Auteur ; Flora BAUDRY, Auteur | | Editeur : | Nanterre Cedex [France] : Revue Terrain | | Année de publication : | 2023 | | Importance : | 196 p. | | Présentation : | ill. N&B et coul. | | Format : | 20 x 26,6 cm | | ISBN/ISSN/EAN : | 978-2-492-36203-3 | | Prix : | 23,00 € | | Note générale : | Fondée en 1983, la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain publie des dossiers thématiques semestriels sous forme papier. Appuyée sur des études de cas, richement illustrée, Terrain est scientifique dans son propos tout en s’adressant, par son écriture accessible et sa présentation attrayante, à un public plus large. Elle a pour ambition d’éclairer les aspects les plus divers, et parfois les moins connus, des sociétés européennes et extra-européennes. À l’aide d’un langage clair et d’une iconographie soignée, elle vise ainsi à partager avec un lectorat sensible à l’approche anthropologique les travaux les plus récents des chercheurs sur les pratiques, des plus ordinaires aux plus étonnantes, de nos contemporains.
| | Langues : | Français (fre) | | Catégories : | 2. Science:2.75 Sciences naturelles:Anthropologie 4. Sciences Sociales et Humaines
| | Mots-clés : | Terrain, revue, anthropologie, ethnographie, sciences humaines, sociales, société, étude de cas | | Résumé : | Capitalisme sauvage. Et non sauvagerie du capitalisme ou capitalisme des sauvages. Ce numéro explore les altérités déroutantes produits par la capitalisme contemporain. Car la richesse n'est pas nécessairement vouée à être domestiquée pour accroître son rendement, mais peut être captée pour alimenter des formes de vie sociales différentes de la nôtre.
De l'Amazonie à la Chine, en passant par le Tadjikistan, Dakar ou encore la Géorgie, on découvre des pratiques, les attentes, les désirs de grandeur et les contradictions de celles et ceux qui, aujourd'hui, bouleversent la logique de l'accumulation jusqu'à s'en plaindre. Il y a assurément d'autres mondes, mais ils sont dans celui-ci ! | | Note de contenu : | SOMMAIRE :
INTRODUCTION
— LA PART SAUVAGE : CAPITALISME, FORMES D'ALTÉRITÉS, FICION ET RÉALITÉS ÉCONOMIQUES
Par ISMAËL MOYA — p. 4-25
Dans une planète abîmée par les humains et sous l'emprise du capitalisme globalisé, les mondes préservés des transformations modernes ont disparu. L'intensification du capitalisme se heurte cependant à d'autres obstacles que ceux que lui opposent la nature et le pouvoir (celui de l'État comme de la résistance militaire). Ces étranges points de butée de la dynamique de l'accumulation, c'est la part sauvage du capitalisme, où la richesse produite n'est pas domestiquée pour accroître son rendement en vue de l'accumulation, mais captée pour alimenter des formes de vie sociale différentes. Le sauvage est le pôle d'une relation d'altérité au capitalisme devenu une ressource, parfois même une proie.
MOTS-CLÉS : capitalisme, sauvage, altérité, accumulation, plainte, fiction
"INCULTURER LE MARCHÉ"
— PRÉDATIONS CAPITALISTES PARMI LES SHUAR DE L'AMAZONIE ÉQUATORIENNE
Par NATALIA BUITRON & GRÉGORY DESHOULLIÈRE — p. 26-45
Comment une population amazonienne vivant en marge de l'économie mondialisée envisage-t-elle son implication dans le marché capitaliste ? Dans cet article, nous examinons les perspectives entrepreuneriales exprimées par les leaders des Shuars équatoriens du Transkutukú. Les leaders placent leur espoir fans la poursuite de l'entrepreuriat comme moyen de garantir l'autodétermination domestique et éthique. Ce processus réflexif est encapsulé dans la formule d'"inculturation du marché" qui promeut la production, le profit, et l'accumulation personnelle. La sorcellerie, motivée par l'envie, est désignée par les villageois comme le principal obstacle entravant le progrès économique tant souhaité.
MOTS-CLÉS : Amazonie, capitalisme, Équateur, entrepreuneriat, envie
PRÉSENCE DIVINE ET CAPITALISME D'ÉTAT EN CHINE POPULAIRE
— LE ROI DES REMÈDES DU QINGCHENG EN TEMPS DE PLANIFICATION ÉCONOMIQUE
Par HÉLÈNE BLOCH — p. 46-69
En République populaire de Chine, l'économie des temples est souvent considérée sous le prisme d'une marchandisation imposée par les autorités locales. Cet article vise à complexifier cette vision en partant de l'ethnographie d'un temple villageois dédié au Roi des remèdes (Yaowang) dans les alentours du site taoïste du Mont Qingcheng au Sichuan. Nous verrons que, loin d'une opposition de fonctionnement entre une économie rituelle et une économie capitaliste, une relation entre les projets d'enrichissement du gouvernement municipal et le culte à Yaowang se tisse sur des bases territoriales. La divinité y a sa propre efficacité, qui amène à voir la planification économique d'État pour ce qu'elle négocie avec les conceptions locales de l'espace et de la dévotion.
MOTS-CLÉS : capitalisme, territoire, planification, temple, Yaowang
"ELLES TRIMENT, ILS FLAMBENT"
— CRISE ET VALEUR IMPRODUCTIVE DE L'ARGENT FÉMININ EN GÉORGIE POSTSOVIÉTIQUE
Par MAROUSSIA FERRY — p. 70-89
Depuis l'introduction de l'économie de marché à la chute de l'URSS, il existe en Géorgie un "scandale" migratoire. Les femmes migrent en masse tandis que leurs maris et leurs fils dilapideraient l'argent qu'elles leur envoient afin d'assurer leurs sociabilités ou à des fins réprouvées socialement (alcool, drogue, jeu, etc.), sans soucis d'accumulation ou de productivité. Devenu un véritable leitmotiv social, ce motif est largement thématisé dans les médias, les œuvres de fiction, les réseaux sociaux et les conversations quotidiennes. Cet article explore le sens social et l'historicité des caractères "improductif" et "immoral" de cette configuration en les considérant comme des adaptations et des réinterprétations nécessitées par la crise et l'effondrement.
MOTS-CLÉS : migrations, genre, crise, économie, monde postsoviétique
DE LA FIERTÉ DE L'ACCOMPLISSEMENT À L'AMERTUME DE L'OBLIGATION
— LES FEMMES ET L'ÉCONOMIE CÉRÉMONIELLE AU TADJIKISTAN
Par Juliette Cleuziou — p. 90-111
Cet article expose les logiques pratiques des dépenses cérémonielles au Tadjikistan, ainsi que les tensions actuelles qui traversent ce domaine de compétences proprement féminines. L'indépendance du pays en 1991, son entrée consécutive dans l'économie de marché, les nouvelles formes de mobilités et de consommation contribuent à intensifier les dépenses cérémonielles ostentatoires, alors même qu'elles sont de plus en plus décriées, générant un contexte d'incertitude et de mécontentement à leur égard. L'article analyse les effets paradoxaux de l'évolution des relations d'affinité et des pratiques d'endettement mutuel, et la façon dont l'économie cérémonielle telle qu'elle est réalisée par les femmes, résiste encore (difficilement ?) à la marchandisation des relations sociales.
MOTS-CLÉS : Tadjikistan, mariage, femmes, économie cérémonielle
ORGUEIL ET GASPILLAGE
— FINANCE ET TRADITION CHEZ LE TOP 90% À DAKAR
Par ISMAËL MOYA — p. 112-133
À Dakar, toutes les relations sociales ont une dimension financière. La vie sociale ne s'est pas pour autant transformée en un gigantesque marché : les circuits financiers sont polarisés par les cérémonies familiales au détriment de l'économie et de l'accumulation. Les dépenses cérémonielles et ostentatoires sont considérées comme une tradition de "gaspillage". Cet article rend compte du paradoxe qui consiste à se plaindre de ses propres pratiques financières. En explorant le rôle de l'orgueil et des griots, il propose de prendre au sérieux les apparences comme une dimension objective de la vie sociale wolof contemporaine.
MOTS-CLÉS : Sénégal, cérémonies familiales, finance, plainte, ostentation, griots
"IL FAUT FAIRE LE MALIN SAUVAGEMENT"
— TRAVAILLER EN COUPÉ-DÉCALÉ
Par MURIEL CHAMPY — p. 134-153
Les soirées à Abidjan se présentent comme des espaces de positionnement et d'évaluation sociale, articulée autour de pratiques codifiées de consommation ostentatoire (le boucan) et de jet d'argent sur les artistes (le travaillement), largement financées par les revenus générés par la cyber-criminalité (le broutage). Dans cet univers nocturne du paraître, où il s'agit de mettre en scène autour que de construire sa valeur, l'article démontre que la mimesis devient le point de référence du réel. À travers le miroir du coupé-décalé, où le réel et son reflet se confondent, l'inconscient capitaliste se retrouve mis à nu : l'argent est vraiment magique.
MOTS-CLÉS : Côte-d'Ivoire, broutage, coupé-décalé, ostentation, mimesis
MOI, M. MARTIN, SUPER RICHE
— LA VIE FINANCIÈRE ET FISCALE DE MONSIEUR 1%
Par ARTHUR JATTEAU — p. 154-173
Ce récit entend raconter succinctement la vie financière et fiscale d'un individu fictif, M. Martin, qui se classe dans les 1% les plus riches. Dans une longue logique proche de l'idéal type, il s'agit d'élaborer un exemple aussi réaliste que possible d'un "très riche". La dimension financière s'appuie sur les dernières statistiques disponibles et les aspects fiscaux visent à montrer les nombreuses ressources dont M. Martin dispose. L'article montre ainsi la "sécurité fiscale" qui entoure la vie des très riches. Il met en avant également à quel point la richesse est assistée aujourd'hui en France, ce qui revient à souligner son coût pour la société.
MOTS-CLÉS : inégalités, richesse, ethnofiction, fiscalité
FAIRE LA FÊTE DANS LES ANDES
— ÉCONOMIE DE MARCHÉ, MIGRATIONS ET ÉVOLUTIONS DU SYSTÈME DE CHARGES RITUELLES
Par FLORA BAUDRY, p. 174-181
Ce texte propose un aperçu des recompositions du système des charges rituelles dans les Andes péruviennes. En effet, les communautés paysannes font face depuis les années 1980 à une accélération des transformations socio-économiques ainsi qu'à une émigration massive vers les villes et l'étranger. Cela impacte l'organisation des fêtes, centrales dans la vie des communautés. Les systèmes de charges rotatives se reconfigurent localement pour s'adapter à ces bouleversements. À partir des cas de fêtes dans les Andes centrales du Pérou, l'article se penche sur la manière dont l'action des émigrés a largement contribué à ces transformations dans les villages d'origines.
MOTS-CLÉS : fête patronale, charges rituelles, réciprocité, migration, Andes, Pérou |
TERRAIN 78 - Printemps 2023 : CAPITALISME SAUVAGE [texte imprimé] / Alice DOUBLIER, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Ismaël MOYA, Directeur de publication, rédacteur en chef ; Natalia BUITRON, Auteur ; Grégory DESHOULLIÈRE, Auteur ; Hélène BLOCH, Auteur ; Maroussia FERRY, Auteur ; Juliette CLEUZIOU, Auteur ; Muriel CHAMPY, Auteur ; Arthur JATTEAU, Auteur ; Flora BAUDRY, Auteur . - Nanterre Cedex (MSH Mondes Pôle éditorial, 21, allée de l'université, 92023, France) : Revue Terrain, 2023 . - 196 p. : ill. N&B et coul. ; 20 x 26,6 cm. ISBN : 978-2-492-36203-3 : 23,00 € Fondée en 1983, la revue d’anthropologie et de sciences humaines Terrain publie des dossiers thématiques semestriels sous forme papier. Appuyée sur des études de cas, richement illustrée, Terrain est scientifique dans son propos tout en s’adressant, par son écriture accessible et sa présentation attrayante, à un public plus large. Elle a pour ambition d’éclairer les aspects les plus divers, et parfois les moins connus, des sociétés européennes et extra-européennes. À l’aide d’un langage clair et d’une iconographie soignée, elle vise ainsi à partager avec un lectorat sensible à l’approche anthropologique les travaux les plus récents des chercheurs sur les pratiques, des plus ordinaires aux plus étonnantes, de nos contemporains.
Langues : Français ( fre) | Catégories : | 2. Science:2.75 Sciences naturelles:Anthropologie 4. Sciences Sociales et Humaines
| | Mots-clés : | Terrain, revue, anthropologie, ethnographie, sciences humaines, sociales, société, étude de cas | | Résumé : | Capitalisme sauvage. Et non sauvagerie du capitalisme ou capitalisme des sauvages. Ce numéro explore les altérités déroutantes produits par la capitalisme contemporain. Car la richesse n'est pas nécessairement vouée à être domestiquée pour accroître son rendement, mais peut être captée pour alimenter des formes de vie sociales différentes de la nôtre.
De l'Amazonie à la Chine, en passant par le Tadjikistan, Dakar ou encore la Géorgie, on découvre des pratiques, les attentes, les désirs de grandeur et les contradictions de celles et ceux qui, aujourd'hui, bouleversent la logique de l'accumulation jusqu'à s'en plaindre. Il y a assurément d'autres mondes, mais ils sont dans celui-ci ! | | Note de contenu : | SOMMAIRE :
INTRODUCTION
— LA PART SAUVAGE : CAPITALISME, FORMES D'ALTÉRITÉS, FICION ET RÉALITÉS ÉCONOMIQUES
Par ISMAËL MOYA — p. 4-25
Dans une planète abîmée par les humains et sous l'emprise du capitalisme globalisé, les mondes préservés des transformations modernes ont disparu. L'intensification du capitalisme se heurte cependant à d'autres obstacles que ceux que lui opposent la nature et le pouvoir (celui de l'État comme de la résistance militaire). Ces étranges points de butée de la dynamique de l'accumulation, c'est la part sauvage du capitalisme, où la richesse produite n'est pas domestiquée pour accroître son rendement en vue de l'accumulation, mais captée pour alimenter des formes de vie sociale différentes. Le sauvage est le pôle d'une relation d'altérité au capitalisme devenu une ressource, parfois même une proie.
MOTS-CLÉS : capitalisme, sauvage, altérité, accumulation, plainte, fiction
"INCULTURER LE MARCHÉ"
— PRÉDATIONS CAPITALISTES PARMI LES SHUAR DE L'AMAZONIE ÉQUATORIENNE
Par NATALIA BUITRON & GRÉGORY DESHOULLIÈRE — p. 26-45
Comment une population amazonienne vivant en marge de l'économie mondialisée envisage-t-elle son implication dans le marché capitaliste ? Dans cet article, nous examinons les perspectives entrepreuneriales exprimées par les leaders des Shuars équatoriens du Transkutukú. Les leaders placent leur espoir fans la poursuite de l'entrepreuriat comme moyen de garantir l'autodétermination domestique et éthique. Ce processus réflexif est encapsulé dans la formule d'"inculturation du marché" qui promeut la production, le profit, et l'accumulation personnelle. La sorcellerie, motivée par l'envie, est désignée par les villageois comme le principal obstacle entravant le progrès économique tant souhaité.
MOTS-CLÉS : Amazonie, capitalisme, Équateur, entrepreuneriat, envie
PRÉSENCE DIVINE ET CAPITALISME D'ÉTAT EN CHINE POPULAIRE
— LE ROI DES REMÈDES DU QINGCHENG EN TEMPS DE PLANIFICATION ÉCONOMIQUE
Par HÉLÈNE BLOCH — p. 46-69
En République populaire de Chine, l'économie des temples est souvent considérée sous le prisme d'une marchandisation imposée par les autorités locales. Cet article vise à complexifier cette vision en partant de l'ethnographie d'un temple villageois dédié au Roi des remèdes (Yaowang) dans les alentours du site taoïste du Mont Qingcheng au Sichuan. Nous verrons que, loin d'une opposition de fonctionnement entre une économie rituelle et une économie capitaliste, une relation entre les projets d'enrichissement du gouvernement municipal et le culte à Yaowang se tisse sur des bases territoriales. La divinité y a sa propre efficacité, qui amène à voir la planification économique d'État pour ce qu'elle négocie avec les conceptions locales de l'espace et de la dévotion.
MOTS-CLÉS : capitalisme, territoire, planification, temple, Yaowang
"ELLES TRIMENT, ILS FLAMBENT"
— CRISE ET VALEUR IMPRODUCTIVE DE L'ARGENT FÉMININ EN GÉORGIE POSTSOVIÉTIQUE
Par MAROUSSIA FERRY — p. 70-89
Depuis l'introduction de l'économie de marché à la chute de l'URSS, il existe en Géorgie un "scandale" migratoire. Les femmes migrent en masse tandis que leurs maris et leurs fils dilapideraient l'argent qu'elles leur envoient afin d'assurer leurs sociabilités ou à des fins réprouvées socialement (alcool, drogue, jeu, etc.), sans soucis d'accumulation ou de productivité. Devenu un véritable leitmotiv social, ce motif est largement thématisé dans les médias, les œuvres de fiction, les réseaux sociaux et les conversations quotidiennes. Cet article explore le sens social et l'historicité des caractères "improductif" et "immoral" de cette configuration en les considérant comme des adaptations et des réinterprétations nécessitées par la crise et l'effondrement.
MOTS-CLÉS : migrations, genre, crise, économie, monde postsoviétique
DE LA FIERTÉ DE L'ACCOMPLISSEMENT À L'AMERTUME DE L'OBLIGATION
— LES FEMMES ET L'ÉCONOMIE CÉRÉMONIELLE AU TADJIKISTAN
Par Juliette Cleuziou — p. 90-111
Cet article expose les logiques pratiques des dépenses cérémonielles au Tadjikistan, ainsi que les tensions actuelles qui traversent ce domaine de compétences proprement féminines. L'indépendance du pays en 1991, son entrée consécutive dans l'économie de marché, les nouvelles formes de mobilités et de consommation contribuent à intensifier les dépenses cérémonielles ostentatoires, alors même qu'elles sont de plus en plus décriées, générant un contexte d'incertitude et de mécontentement à leur égard. L'article analyse les effets paradoxaux de l'évolution des relations d'affinité et des pratiques d'endettement mutuel, et la façon dont l'économie cérémonielle telle qu'elle est réalisée par les femmes, résiste encore (difficilement ?) à la marchandisation des relations sociales.
MOTS-CLÉS : Tadjikistan, mariage, femmes, économie cérémonielle
ORGUEIL ET GASPILLAGE
— FINANCE ET TRADITION CHEZ LE TOP 90% À DAKAR
Par ISMAËL MOYA — p. 112-133
À Dakar, toutes les relations sociales ont une dimension financière. La vie sociale ne s'est pas pour autant transformée en un gigantesque marché : les circuits financiers sont polarisés par les cérémonies familiales au détriment de l'économie et de l'accumulation. Les dépenses cérémonielles et ostentatoires sont considérées comme une tradition de "gaspillage". Cet article rend compte du paradoxe qui consiste à se plaindre de ses propres pratiques financières. En explorant le rôle de l'orgueil et des griots, il propose de prendre au sérieux les apparences comme une dimension objective de la vie sociale wolof contemporaine.
MOTS-CLÉS : Sénégal, cérémonies familiales, finance, plainte, ostentation, griots
"IL FAUT FAIRE LE MALIN SAUVAGEMENT"
— TRAVAILLER EN COUPÉ-DÉCALÉ
Par MURIEL CHAMPY — p. 134-153
Les soirées à Abidjan se présentent comme des espaces de positionnement et d'évaluation sociale, articulée autour de pratiques codifiées de consommation ostentatoire (le boucan) et de jet d'argent sur les artistes (le travaillement), largement financées par les revenus générés par la cyber-criminalité (le broutage). Dans cet univers nocturne du paraître, où il s'agit de mettre en scène autour que de construire sa valeur, l'article démontre que la mimesis devient le point de référence du réel. À travers le miroir du coupé-décalé, où le réel et son reflet se confondent, l'inconscient capitaliste se retrouve mis à nu : l'argent est vraiment magique.
MOTS-CLÉS : Côte-d'Ivoire, broutage, coupé-décalé, ostentation, mimesis
MOI, M. MARTIN, SUPER RICHE
— LA VIE FINANCIÈRE ET FISCALE DE MONSIEUR 1%
Par ARTHUR JATTEAU — p. 154-173
Ce récit entend raconter succinctement la vie financière et fiscale d'un individu fictif, M. Martin, qui se classe dans les 1% les plus riches. Dans une longue logique proche de l'idéal type, il s'agit d'élaborer un exemple aussi réaliste que possible d'un "très riche". La dimension financière s'appuie sur les dernières statistiques disponibles et les aspects fiscaux visent à montrer les nombreuses ressources dont M. Martin dispose. L'article montre ainsi la "sécurité fiscale" qui entoure la vie des très riches. Il met en avant également à quel point la richesse est assistée aujourd'hui en France, ce qui revient à souligner son coût pour la société.
MOTS-CLÉS : inégalités, richesse, ethnofiction, fiscalité
FAIRE LA FÊTE DANS LES ANDES
— ÉCONOMIE DE MARCHÉ, MIGRATIONS ET ÉVOLUTIONS DU SYSTÈME DE CHARGES RITUELLES
Par FLORA BAUDRY, p. 174-181
Ce texte propose un aperçu des recompositions du système des charges rituelles dans les Andes péruviennes. En effet, les communautés paysannes font face depuis les années 1980 à une accélération des transformations socio-économiques ainsi qu'à une émigration massive vers les villes et l'étranger. Cela impacte l'organisation des fêtes, centrales dans la vie des communautés. Les systèmes de charges rotatives se reconfigurent localement pour s'adapter à ces bouleversements. À partir des cas de fêtes dans les Andes centrales du Pérou, l'article se penche sur la manière dont l'action des émigrés a largement contribué à ces transformations dans les villages d'origines.
MOTS-CLÉS : fête patronale, charges rituelles, réciprocité, migration, Andes, Pérou |
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