❝Poster as diary❞ Peter Bankov. Exposition 14 mars — 27 avril 2016

L’École supérieure d’art et de communication de Cambrai a le plaisir de vous convier ce lundi 14 mars 2015, à 18h00, à l’ouverture, au vernissage de l’exposition, en présence de l’auteur :

« Poster as diary »

un scénario-dispositif du directeur artistique et graphiste Peter Bankov

mise en espace
Bruno Souetre, dans le contexte de l’atelier Echelle 1, avec les étudiants de 4e année de l’esac
édition
Olivia Cosson, Camille Vercuyse, Justine Figuerido

Esac Cambrai, Peter Bankov

L’École supérieure d’art de Cambrai, dans le cadre de son unité création éditoriale invite Peter Bankov. Ici, la notion de carnet est à l’œuvre, et interroge la possibilité de l’affiche comme journal.
Les investigations de Bankov, si elles emploient l’une des formes d’apparition du design graphique comme support, questionnent la notion de goût et de sa relativité à l’épreuve du jugement et de l’outil. De cette collection augmentée quotidiennement, se dévoilent les fins interstices qui séparent notre vie publique de la sphère personnelle et du champ professionnel. Tournés vers autrui, ces posters, empreints de sincérité, de naïvetés et de regards acérés sur notre monde, sont résolument politiques et citoyens.

The Higher School of Art of Cambrai, in the context of his studio creative editorial invites Peter Bankov . Here, the notion of daily diary is at work, questions the possibility of the poster as log.
Bankov uses one of the forms of appearance of graphic design as a carrier, questioning the notion of taste and its relativity to the taste of judgment and the tool. This collection, increased daily, will reveal fine cracks that separate our public life within the personal sphere of professional field. Looking to others, posters, full of sincerity, of naivete and sharp eyes on our world, are decidedly political and citizens.

Высшая школа искусств города Камбрэ, в рамках своей специализации в области создания печатной продукции, приглашает Петра Банкова, в работах которого рассматривается возможность представления ежедневных событий в профессиональной или общественной жизни в качестве постера.
В своем творчестве Банков использует одну из форм представления графического дизайна в качестве носителя информации, рассматривая идею использования неповторимого стиля и его соответствия происходящим событиям в качестве инструмента визуальной коммуникации.
Коллекция автора, пополняемая ежедневно, раскрывает тонкие нюансы, которые разделяют нашу личную и общественную жизнь от профессиональной сферы деятельности.
Наблюдая за окружающим миром, Петр Банков создает афиши, полные искренности, простодушия и отражающие его зоркий взгляд на происходящее вокруг, которые определенно несут в себе политический, а так же общественный характер.

 

 

Biographie de l’auteur :
Peter Bankov est né en 1969 à Minsk, est designer graphique. Il est diplômé du College of Art de Minsk et de l’Institut polygraphique de Moscou. Il est le créateur et rédacteur en chef de [Kak] magazine, l’un des principaux points de référence pour la conception graphique russe. Peter est également le fondateur et directeur artistique de la compagnie « Design Depot » dont les bureaux sont établis à Prague et à Moscou . Il a reçu de nombreux prix internationaux et a été un membre du groupe pour de nombreux concours à travers le monde. Ses projets de design graphique font partie de nombreux fonds publics et collections privées à Moscou, Londres et Pékin.

L’Esac reçoit Peter Bankov qu’il gratifie d’une production originale pour Cambrai, à l’occasion de l’exposition d’une sélection de posters et objets éditoriaux du designer graphique connu pour réaliser une affiche par jour.
 
 

Poster as Diary
Rencontre avec Peter Bankov
Propos recueillis par Adrien Berthe (A1 — 2015—16)

Pouvez-vous traiter, en introduction de votre parcours?
Je suis né a Minsk, en Biélorussie, il y a 47 ans de cela! J’ai d’abord étudié la sculpture à Moscou, puis je me suis redirigé dans le domaine de l’impression. J’ai intégré l’Université d’Imprimerie de Moscou, en tant qu’illustrateur et book-designer, afin d’y faire des recherches et d’approfondir ma connaissance du futurisme russe, dans le but de créer à mon tour. Après cela, j’ai ouvert mon studio de design à Moscou. J’ai fait beaucoup d’allers-retour entre la Russie et le reste du monde, à vrai dire, j’ai l’impression de passer ma vie dans les avions! Je suis d’abord parti au Canada. L’idée de la tranquillité et d’un bon niveau de vie m’attirait. Finalement, je me suis rendu compte que c’était tout l’inverse de ce que je cherchais.

Je rencontrais moins de gens intéressés par ce domaine, j’avais beaucoup plus de mal à trouver des expositions… ce pays ne comblait pas mes attentes ! Ce fut donc mon premier retour à Moscou.
J’ai ensuite décidé de partir en Allemagne. J’ai travaillé 6 mois en tant que transporteur pour une maison d’édition. Je me suis réveillé un matin en me disant « Mais qu’est-ce que je fais la…?! » et je suis donc reparti à Moscou ! Mon idée la «plus stupide» a été de partir vivre à Pékin. J’y suis resté deux mois. Ne connaissant ni la langue, ni les cultures et traditions chinoises, je me suis retrouvé perdu dans un monde qui n’était pas du tout le mien et… je suis donc rentré à Moscou. J’y suis cette fois ci resté. J’ai travaillé quelques années en tant que designer-communication dans le studio que j’avait ouvert. Mon dernier choix de destination a été Prague. En effet, c’est une ville qui a le don de m’attirer de par son mouvement. J’y ai vu beaucoup de travaux très intéressants, rencontré beaucoup de gens très investis et entiers…
Je dirai que cette ville s’apparente à un avion, des gens venus de partout se rencontrent, discutent, partagent en un petit laps de temps, puis chacun repart de son côté.

Votre travail semble traiter de spontanéité, vous réalisez par ailleurs beaucoup d’affiches autour d’évènements, mais on peut aussi voir parmi votre travail des affiches ne traitant que de références particulières et isolées. Quelles places leurs attribuez-vous? Est-ce un travail mécanique?
J’ai commencé à créer un poster par jour il y a cinq ans. Si le processus reste le même, chaque affiche a néanmoins sa particularité. L’essentiel est de partager ses sentiments, ses émotions, il n’est donc pas forcément nécessaire de faire passer un message. L’important est de faire ressentir comme nous ressentons nous-mêmes. Le choix des sujets se fait par sentiments, sur le moment, même si certaines commandes de clients réguliers nécessitent de respecter certains critères !

Je pense notamment à des affiches de groupes, comme celle de Metallica, Black Sabbath, Madness ou d’Iron Maiden, quelle place a la musique dans votre vie?
La musique est très importante dans mon processus de création ! Chaque jour, je m’impose un style de musique différent afin de découvrir et de m’ouvrir. Je peux passer une journée à écouter en boucle de la musique classique, et le lendemain n’écouter que de la soul, le surlendemain du heavy metal… (auquel je laisse, avec le trash metal, une place plus im – portante) La musique développe des sentiments particuliers, nous fait ressentir des choses. C’est un très bon moyen de diversifier son travail et de l’ouvrir à de nouvelles références ! …

Ou aux affiches de film comme Carne de Gaspar Noé ou Amélie Poulain. Vous semblez d’ailleurs très inspiré par la culture française?
J’aime beaucoup la culture française. Mes parents étaient des «french fans» !
Quand j’étais jeune, mon père m’emmenait souvent au cinéma, pour voir des films français. Je suis notamment un grand adepte de Jean-Luc Godard ! Je ne regarde plus beaucoup de longs métrages, je préfères les séries, comme Games of Thrones par exemple! Je trouve qu’elles nous font beaucoup réfléchir sur nous-mêmes, et relativiser quant au monde qui nous entoure. Je trouve aussi très intéressant de pouvoir s’attacher à un personnage considéré comme bon et qui six épisodes plus tard deviendra mauvais…
Le changement est très important et c’est dans les séries qu’on le retrouve le plus. Je suis aussi un grand fan de Walking Dead, mais surtout pour le sang !

Certains symboles semblent récurrents dans vos derniers travaux, comme par exemple la croix, y’a-t-il une raison à cela?
Je suis issu d’une famille chrétienne. La croix est un puissant symbole du christianisme et de la crucifixion, mais c’est aussi une lettre typique de l’alphabet russe.

Avez-vous déjà été contacté à la suite de ces créations?
Oui ! J’ai par exemple réalisé une affiche pour Chinawoman, par pur plaisir. Deux ans plus tard, elle m’a contacté en m’expliquant qu’elle adorait mon travail. De ce fait, elle m’a proposé de réaliser une pochette d’album ainsi qu’une scénographie de tournée pour cette année.

Qu’est-ce qui pousse vos choix de sujets?
Mes idées me viennent par flashs. Je peux par exemple rencontrer quelqu’un, avoir un flash, un ressenti par rapport à cette personne, et en faire une affiche. Je ne pense pas vraiment en terme de langage plastique, je résumerai plutôt cela par le trio cerveau, coeur, mains. Une idée me vient en tête, je lui attribue l’émotion qui lui correspond avec mon coeur, et je retranscris cela avec mes mains. Je réalise aussi des affiches pour ma famille et mes amis, le temps manque et c’est un bon moyen d’y palier.

Peter Bankov, 16 mars 2016, à l’occasion de l’exposition « Poster as Diary »
Propos recueillis par Adrien Berthe.